SYNTHÈSE HISTORIQUE
PAR PAYS
Un voyage dans le temps


UNE LONGUE PRÉSENCE
La présence de communautés juives en Asie du Sud-Ouest (Proche et Moyen-Orient, Eretz-Israël compris) et en Afrique du Nord remonte à la haute antiquité, précédant parfois de plus de 1500 ans la conquête arabo-musulmane de ces territoires et maintenant un peuplement continu sur une période de 25 siècles. Jusqu’au Xe siècle de l’ère chrétienne, près de 80% de la population juive mondiale vivait dans ce qui est aujourd’hui le monde arabe. Cette “si longue présence” (N.Weinstock) a abruptement pris fin durant la seconde moitié du vingtième siècle, lorsque les Etats membres de la Ligue arabe, décidèrent d’appliquer une série de mesures discriminatoires contre leurs citoyens et résidents juifs.
Cette campagne de persécutions organisée par les gouvernements arabes et qui devait conduire à l’exode d’environ 850 000 Juifs originaires du monde arabe et d’autres pays musulmans, a pris pour prétexte la guerre d'agression menée par les Etats de la Ligue arabe contre le jeune Etat d’Israël, assimilant les communautés juives du monde arabe à “l’ennemi sioniste” :
Dans la région nord-africaine, 259 000 Juifs ont fui le Maroc, 140 000 l'Algérie, 100 000 la Tunisie, 75 000 l'Egypte et 38 000 autres la Libye.
Au Moyen-Orient, 135 000 juifs ont été exilés d'Irak, 55 000 du Yémen, 34 000 de Turquie, 20 000 du Liban et 18 000 de Syrie.
L'Iran a expulsé 25 000 Juifs.
Mais il est également important de replacer ces mesures discriminatoires et persécutions dans le temps long des relations judéo-arabes et judéo-musulmanes. Celles-ci s’inscrivent dans la continuité des conditions historiques d'existence des communautés juives en pays d’Islâm, qui, si elles furent souvent meilleures que celles des Juifs d’Europe, n’en étaient pas moins basées sur l’inégalité fondamentale entre musulmans et dhimmis. Le statut de dhimmi (non-musulman tributaire), s’il accordait une autonomie juridique et la liberté de culte, restreignait les droits civiques des Juifs au strict minimum et leur imposait des charges fiscales supplémentaires, les confinant ainsi à un statut de citoyen de second-rang et construisant, dans l’imaginaire collectif arabo-musulman, l’image du Juif comme un être faible, misérable, vil, fourbe, soumis, efféminé, en tout point opposé à “la tradition chevaleresque des arabes” (W.Boutros Ghali).
De fait le double élan de l’émancipation des Juifs sous pression des puissances européennes au XIXe siècle et le projet sioniste visant à construire un Etat juif indépendant, furent perçues comme une rébellion des Juifs contre leur statut de Dhimmi. Les guerres contre Israël et les mesures discriminatoires contre les communautés juives du monde arabe visaient, au moins en partie, à rétablir l’asymétrie traditionnelle entre Juifs et Arabes, et les victoires d’Israël furent perçus comme autant d'humiliations se traduisant en durcissement du statut des Juifs du Monde arabe, jusqu'à l'extinction de communautés parfois pluri-millénaires.
L'Etat d’Israël fut le refuge naturel d’une majorité de Juifs des pays arabes, avec près de 586 000 arrivées entre 1948 et 1951. Les descendants de ces émigrants représentent aujourd’hui la majorité de la population juive israélienne. Parmi ceux qui ont été forcés de fuir leurs maisons et de subir une tragédie personnelle et communautaire, beaucoup occupaient des postes importants au gouvernement et dans les secteurs publics et privés.
Ils ont apporté une contribution précieuse à la société israélienne et leurs traditions et cultures vivantes font partie intégrante de la mosaïque colorée du peuple juif sur la Terre d'Israël.
Sont présentés ci-dessous, un tableau de l’évolution des populations juives du monde arabe, de Turquie et d’Iran, ainsi qu’un bref aperçu historique des communautés juives de chaque pays et des mesures ayant mis un terme à ces communautés.